Par Virginie Kremp – Posté le 28 mars 2013
[… On peut être étranger dans sa langue comme on peut être étranger parce qu’on est porté par ce flux de la communication, de déplacements d’entreprises, de globalisation, on est pris dans le maelström des langues. Passer d’une langue à l’autre est une expérience qui peut être extrême-ment morbide. J’ai parmi mes étudiants des jeunes qui adoptent la langue étrangère qui leur sert de sparadrap. Il y a une blessure et je la refoule et la langue étrangère me permet d’oublier. Mais à partir de là, on se déprime ou on somatise parce qu’on n’a plus de langue. La langue nou-velle n’est pas une langue, elle reste une peau morte et tant qu’on ne l’a pas intériorisée avec des affects, et quand on n’a pas projeté son inconscient en elle, ce n’est pas une langue. Donc, j’essaye, moi, de dire qu’on peut vivre sur plusieurs langues. Pour moi, L’individu européen est kaléidos-copique parce que, il est obligé – sinon avec 25 langues – au moins de vivre en paix avec plusieurs langues….]
Transcription légèrement retouchée de :
L’expérience intérieure à contre-courant
animé par Colette Fellous (France Culture)
27 avril 2011 – Réfectoire des Cordeliers, Paris Extrait à la 85’ : http://www.philippesollers.net/julia-kristeva-philippe-sollers-experience-inte-rieure.html